Extrait des : Carnets de bord du ROI-SOLEIL

Le Roi-Soleil

Virée en Atlantique
La période de l’automne voit les gens partir pour le sud à bord de leur voilier. Les navigateurs du Québec vont emprunter la voie navigable Champlain/Hudson et par la suite, selon les dates, partir vers les mers du sud à partir de New-York, de Norfolk ou de Beaufort ou suivre l’Intracoastal  jusqu’au sud de la Floride *. Cette année-là nous avions pris possession à Beaufort NC d’un voilier de plus de quarante pieds, l’objectif étant de le naviguer jusqu’à Saint Martin pour le propriétaire qui voulait le mettre en charter. Petite traversée de 9 à 15 jours à la fin de novembre, une fois la période des ouragans terminée. Prendre possession du bateau, faire les vérifications d’usages : le gréement, le moteur, les pompes de calle, les radios HF et VHF, l’évaluation des connaissances des passagers payants imposés par l’armateur, les trousses de secours, l’eau potable, l’achat des victuailles pour une quinzaine…  

Un événement parmi d’autres. En fait ce n’est pas Herb, personnage qui émettait à l’époque sur la bande maritime via les ondes courtes, accessible à tous, même sans lettres d’appel, qui nous a d’abord annoncé la venue d’Olga, ce sont les gens du  réseau du Capitaine que nous pouvions entendre, même si nous ne pouvions pas communiquer avec eux. Tous les matins, à partir de Montréal, ils communiquent avec leurs membres de radio amateur à travers le monde : ils leur donnent la météo et toutes sortes d’autres nouvelles locales, ils passent des messages personnels, c’est un club fermé, il faut absolument avoir un permis de radio amateur avec des lettres d’appel. En fait, je gardais le goût un peu vinaigre du « Identifiez-vous, Monsieur … Il nous fera plaisir de … ! »
De toutes manières, ce matin-là, un trémolo dans la voix, un ton acidulé, le responsable de la météo, nous annonça que… et en dehors de la saison des ouragans… Olga, Olga la Stripteaseuse, comme je l’appelais, se préparait à déployer ses charmes en Atlantique  Nord, au nord du tropique,  juste là où nous étions.


Ouragan Olga
Tracé d’Olga / Wikipedia


Que fallait-il faire ? Aucun doute dans ma tête, plein sud, pleines voiles, de toutes manières, les Bermudes, derrière nous n’était plus accessible.
13 heures 30, il fallait annoncer nos couleurs à Herb. Dans un premier temps, on plaça notre appel comme tous les jours :

  1. South Bound II, this is Ensueño! Our position is … Waiting for come back !

À partir de 2 heures, il rappelait dans l’ordre des inscriptions. Un équipier restait à l’écoute. Aussitôt appelé, ça pouvait aller jusqu’à 15, 15.30 heures : à ce moment-là, il y avait toujours 2 personnes à l’écoute, l’un avec papier, crayon et  la petite enregistreuse et l’autre sur la radio ondes courtes, occupé à parler à Herb. J’ai du rester une partie de l’après-midi dans le carré, j’écoutais ce qui se disait entre les autres voiliers et notre ange gardien. Éparpillés dans ce coin de l’Atlantique, ils avaient tous les mêmes préoccupations. Un d’entre eux était près des Bermudes, Herb lui suggéra de rentrer s’y réfugier … Les nouvelles étaient claires, cette charmante Olga se dirigeait droit sur nous. C’est à ce moment-là que l’équipage se mit à élaborer toutes sortes de théories, toutes plus farfelues les unes que les autres. J’ai finalement réussi à leur faire comprendre qu’il n’y avait qu’une seule voie, celle de continuer notre route le plus rapidement possible plein sud et de se préparer au pire, ce qui fut confirmé par Herb vers les 16.30 heures.
L’entente était la suivante, il fallait que tous soient prêts à intervenir durant la nuit au cas où il aurait fallu changer de voilure. Quelques remarques de la part d’un des  équipiers qui disait être venu avec nous en vacances et qu’il s’attendait à dormir sa nuit, remarques rapidement corrigées. C’était déjà difficile de le réveiller pour ses quarts : le deuxième ou le troisième soir, il a fallu quelques 15 minutes pour le réveiller, il avait même barré sa porte, fort heureusement pour lui, le sceau d’eau était prêt… Je me suis même demandé s’il n’avait pas rendu l’âme. Je me demande toujours comment il réussissait à dormir si profondément dans sa cabine avant, exigüe, hublots fermés, à se faire brasser comme dans un séchoir à linges. La consigne fut claire : plus de portes verrouillées. Je ne pouvais donc compter que sur les deux Nicole, Claude étant toujours pris de son mal de mer, bien que la visite  possible d’Olga l’avait quelque peu ranimé. C’était peut-être encore son petit goût à peine caché de voir le triangle des Bermudes…

La décision fut prise
Le vent soufflait au dessus de vingt nœuds, nous étions au portant, donc capable de prendre plus de voilure, la grand voile resterait donc toute ouverte, la voile avant aussi. Au départ, le choix avait été de mettre le génois 135. Comme il était sur enrouleur quelques tours rapidement faits et le voilà réduit. Herb nous assurait que le vent ne dépasserait pas 25 nœuds. Il n’était pas question de remplacer le génois par le tourmentin. Si Herb nous avait annoncé du temps violent, la décision aurait été évidemment autre. Nous étions au portant, direction franc sud, cap sur St-Martin, les Bermudes derrière nous, nous venions de dépasser la mi-chemin. Il restait probablement 600 milles à faire, Olga filait droit sur nous, il fallait parcourir le plus de distance possible, le plus rapidement possible, le vent était du NE, le Golf-Stream était chose du passé, le voilier filait 9 nœuds, réguliers. Ensueño se comportait à merveille. L’équipage a finalement compris que nous n’étions pas en mode vacances et que la nuit avait des chances d’être courte… **


Trajectoire des ouragans en Atlantique  nord
Trajectoires possibles des ouragans, étés et automnes 

La traversée s’est continuée, d’autres événements… Il faut être en mode travail : les quarts, le partage de l’ouvrage, la compréhension, l’entraide. Moi, je ne faisais pas de quarts de nuit : les équipiers se les partageaient. Je me levais  quinze minutes avant le changement, vérifiais les coordonnées, l’équipement, demandais des comptes-rendus assistais au changement, accompagnais le nouvel équipier dans la première demi-heure, allais me recoucher et ainsi de suite…
6107
* www.voileevasion.qc.ca/intracoastal_waterway.htm
**Extraits du récit : Naufrage à Gustavia tome 2

Louis Charbonneau
Le Roi-Soleil

 

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