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La semaine débute bien
Dimanche 20 juin 1999, 16h30. Impossible de rentrer à Chazy
River avec «Le Roi-Soleil» , l'eau est trop basse. J'avais mouillé à l'extérieur, je venais de reconduire
avec la Marotte, heureusement, de plus faible tirant d'eau mes clients émerveillés de leur beau WE et j'attendais mon nouvel équipage
qui n'arrivait pas.
Je retourne au Roi-Soleil avec mon plus petit bateau où Nicole m'attend... Peut-être un message de mes prochains clients, mais pas d'appel sur le cellulaire. Souper… Je retourne avec la Marotte au quai pour les attendre…

La Marotte, autre voilier de l'école de voile, son tirant d'eau d'un pied (de Charlemagne) de moins) ...
21h, enfin ils arrivent: quelques
non, beaucoup de bagages:
vêtements, nourriture pour la semaine pour quatre et, croyez
le ou non, une télé portative! (À l'époque, elles étaient volumineuses) Manquaient juste les
patins à roues alignées! Et une blonde qui venait à
reculons. Belle semaine en perspective.
La nuit est tombée et l'eau est basse. Pas de problème,
les deux bouées extérieures sont lumineuses, et les
autres ont des petits collets qui réfléchissent la
lumière d'une lampe de poche. Comble d'inattendu, la lampe
ne fonctionne pas. Qu'à cela ne tienne, je connais le coin
comme ma poche. Oups ! voici l'orage.

Hum! Ça y est, je me plante dans la vase! Je rate les premières bouées et je ne vois même plus les 2 lumineuses. Le vent souffle de plus en plus
fort, mais heureusement de l'ouest, donc pas de vagues, et puis,
c'est de la vase. Je communique avec Nicole par VHF et lui rend
compte de la situation. Nos invités sont cachés dans
la cabine et se sont trouvés de la place parmi la montagne
de bagages. La copine ne dit mot. Comme les éclairs
éclairent suffisamment le coin, je sais où je suis, trop au
nord. Aux grands problèmes les grands moyens: je hisse la
grand-voile, la Marotte gîte, elle se décroche. Youpi!
Aussitôt dit, je dépasse le chenal et me voilà
à nouveau échoué, côté sud. Le
vent forcit, les éclairs, la pluie, le ciel va-t-il me tomber
sur la tête, comme disaient mes ancêtres bretons?

Je rends compte à nouveau à Nicole de ce qui se passe.
De son côté, elle s'inquiète à cause
d'une autre victime des basses eaux qui s'est ancrée trop
près, il a quitté son bateau, qui devient menaçant.
"Écoute, Nicole, prends le gonflable et viens nous chercher,
je suis coincé pour la nuit. "Moment d'hésitation. " Tu ne m'as jamais montré à partir le hors-bord."
Elle, qui navigue le Roi-Soleil comme si de rien était
Quelques indications d'usage
un moment d'attente, et elle
me revient: "Je n'y arrive pas." - "Viens me chercher
à la rame." - "Jamais, passe la nuit sur la Marotte.
Over and out."
Rage ou surprise
Elle a raison. Il ne fait pas beau, mais
il n'y a aucun danger réel. La côte ne permet pas à
la vague de monter, même si le vent est fort. Je regarde dans
la cabine, je vois mes gens, Madame apeurée, lui qui essaie
de me parler. Je ne l'écoute même pas. Lui pis sa TV!
Maudite lampe de poche! Il pleut de plus en plus fort. Le tonnerre
et les éclairs envahissent le ciel au point que je peux identifier
mes bouées. La rage s'accentue. Je hisse à nouveau
ma grand-voile et me prépare à foncer vers le nord.
Je laisse enfin sortir mon invité qui m'assure qu'il voit
mieux que personne la nuit. Le bateau se libère

Me sentant un peu comme l'aveugle de la parabole, je me laisse
guider par ce paraplégique de la voile: "Un peu à
gauche
un peu à droite." (le cours n'a pas encore
débuté ! )
Nous finissons par arriver au Roi-Soleil
pour le soulagement de tous. Quelle façon de commencer une
semaine de voile!

Voir notre film "La voile, les deux pieds sur le pont"
a été mis sur Youtube
Louis Charbonneau
Le Roi-Soleil |
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LES CARNETS DE BORD DU ROI-SOLEIL voir lien
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