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La mort rôde autour : le rêve de la petite rivière St-Jean. (Prémonition au naufrage)

Je marche avec Nicole March…, une amie que je n’ai pas vue depuis des lunes, le long du lac Saint-Louis, près de chez moi. Nous cheminons à partir de la petite rivière St-Jean vers Léry, je lui parle de date ; « Ça ne se peut pas que nous soyons à telle date, car je serais toujours censé être aux Antilles… et, je ne peux pas être ici ! Le plus tôt que j’aurais pu revenir, aurait été le 16 décembre… je me pince…
Écoute ! Si c’est un rêve, je t’envoie une carte postale aussitôt que j’ai la chance ». Nous marchons vers la petite chapelle du lac, elle s’en va à des funérailles, je ne sais pas de qui, des voitures noires arrivent à l’église. Charles, son mari, en conduit une, il m’offre de me reconduire chez moi, comme il le fait souvent dans la vraie vie : « Non, je marcherai ! » Fin du rêve.
Le lendemain, soit le 10 décembre, je lui envoie une carte postale de Philipsburg, nous y sommes arrêtés en route pour St-Barth. Je l’ai envoyée chez moi, car je n’ai pas son adresse, une note à Jean-Paul, il habite chez moi, de lui faire parvenir. J’ai cherché à interpréter ce rêve, comme je le fais souvent,…
« La mort rôde autour, il y a des problèmes avec la fin du voyage, il ne peut pas être terminé, la date de mon départ vers Montréal n’est pas arrivée… La mort rôde, oui ! Mais elle ne me regarde pas, puisque je ne vais pas aux funérailles ! » Voilà quelle fut ma première interprétation. Pendant des années, j’ai écrit tous mes rêves, j’ai suivi une formation intensive en interprétation de rêves, je me suis appliqué à leur donner un sens, j’ai découvert, à l’avance, des choses que mon inconscient connaissait, comme par exemple le départ de ma première femme. Il y avait là, évidemment, la réception émotive, des signes subtils, envoyés, probablement même à son insu, dont mon inconscient me parlait… Mes rêves endormis m’envoient des images sur mon vécu plus ou moins immédiat, dont il faut trouver la signification. Il s’agit de se fabriquer des clés personnelles d’interprétation et de s’en servir. Voyons ce rêve d’un voyage en bateau dans le Sud (rêve endormi et non pas celui éveillé de la majorité des plaisanciers), alors que je n’avais même pas envisagé de m’acheter un voilier capable de faire un tel voyage. « Du haut d’une route qui suit la rivière Hudson, je suis en voiture, j’accompagne mon bateau, il navigue vers les mers du Sud, je ne suis pas sur le bateau, je le regarde de loin, je le surveille… »
Il faudra aller voir, de retour chez moi, dans mes notes de rêves comment je l’avais interprété... Quelques temps plus tard, je rencontre un vieux copain, nous élaborons un vague projet d’achat de bateau en copropriété, le tout se concrétise, arrive le Roi-Soleil, mon voilier actuel, et c’est un départ vers le Sud. Je ne serai pas du départ, le copain fera la première partie du voyage, moi la deuxième… Je vous jure que, même si je ne partais pas avec lui, je l’accompagnais en esprit, et pour cause, il avait besoin de beaucoup de coaching… Et ce, tout au long du périple !
Ce n’est qu’après son départ que j’ai réalisé le rapport avec ce rêve… Voilà un exemple intéressant.
Essayons de comparer le rêve de la rivière Saint-Jean avec un autre… « Une copine, quelques mois ensemble, je rêve qu’elle veut mettre un terme à notre relation, pourtant fougueuse : des mots précis, un scénario clair, tout se tient, … » Je me suis absenté quelques jours par affaires…
À mon retour, nous nous voyons, elle me décline mot pour mot la scène rêvée…
Revenons à la mort qui rôde autour. Je ne veux pas croire à cette prémonition, je n’ai tout de même pas senti la fumée des heures à l’avance, je ne l’ai même pas senti une minute avant, alors que j’avais le nez juste au-dessus ! De toutes manières, je n’aurais jamais pu prévoir,…
Je n’y suis pour rien ! Une boite électrique en feu ou je ne sais trop, n’est pas une négligence de capitaine ou de cuisinière,… Et, si c’en est une de propriétaire, les assurances le prouveront bien assez tôt !
Donc, ce faux retour chez nous et ces pompes funèbres m’ont encore plus porté à la prudence ! « Tu l’es tout le temps ! » me répond Nicole. Serait-ce la raison pour laquelle nous nous trouvions au port de Gustavia ? Je voulais arrêter au Grand Colombier, endroit isolé, …
Non, en fait, cette journée-là, Nicole voulait voir du monde.
La veille, l’île Fourchue était bien déserte et les risques de ballotter dans le petit port étaient moins grands…
J’aurais pu insister pour un petit coin tranquille… Après une semaine à St-Martin, la foule… À l’anse du Grand Colombier, nous aurions été seuls lors du déclenchement
du feu… Toute une autre histoire. Mais le rêve n’a rien à voir dans le choix entre les deux mouillages. Est-ce plus prudent dans un port ou à un bon ancrage ? Il faudrait
peut-être me remettre à m’occuper de mes rêves. Extrait du livre «Naufrage à Gustavia» http://www.voileevasion.qc.ca/naufrage_a_gustavia.htm ... Édition Baico Inc. ISMN978-1926945-07-1
Louis Charbonneau, Le Roi-Soleil
LES CARNETS DE BORD DU ROI-SOLEIL voir lien
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